Dans un papier dégoulinant de biais et de ragots de bas étage, le chroniqueur Hugo Dumas de La Presse nous fait état des avancements dans le dossier de l’animateur sportif Jeremy Filosa, suspendu du 98,5FM depuis le 18 octobre, pour avoir osé émettre l’opinion en ondes, face à un public apparemment hypersensible aux propos qui sortent des sentiers battus, qu’il ne croyait plus que l’homme ait marché sur la lune.
Outrage! Que ce fou délirant se repente le plus rapidement possible dans le confessionnal le plus près de chez-lui! Il a commis une faute quasi-impardonnable selon son employeur Cogeco, face à la profession journalistique.
On apprend donc que malgré ses 25 ans d’expertise à s’être bâti une solide réputation, M. Filosa sera relégué dans l’arrière-boutique, à travailler à la recherche et à la préparation des émissions, auxquelles il n’aura plus le privilège de participer pendant au moins un an… « si son processus de réhabilitation se déroule sans anicroche ».
Relisez bien cette phrase et laissez-la faire son effet.
Visiblement, être un journaliste ne signifie plus avoir la capacité de raisonner, de s’ouvrir à des arguments factuels même s’ils peuvent chambouler une idée préconçue, développer son esprit critique, faire preuve de jugement, être curieux, ouvert d’esprit, etc. Non, il faut répéter les mêmes idées socialement acceptées, et si on déroge de la ligne, on se fait démolir publiquement puis, on rentre dans un centre de correction, pour se faire reprogrammer comme un bon petit robot.
Ça vous rappelle 1984? Eh! Bien! Sachez que c’est le monde dystopique dans lequel on vit désormais au Québec, merci aux médias traditionnels d’y avoir joué un rôle clé.
« Concernant Jeremy Filosa, Cogeco Média a décidé d’appliquer le principe du droit à l’erreur et de transformer cette situation en opportunité d’apprentissage. Jeremy Filosa reconnaît qu’il n’a pas respecté les normes applicables en journalisme. Jeremy participera à des activités de formation continue », explique la directrice principale des communications de Cogeco Média, Christine Dicaire.
Je ne sais pas ce qui est le plus aberrant. L’article de Dumas ou le fait que Filosa ait reconnu ne pas avoir respecté les normes journalistiques et ait accepté un emploi aussi dénigrant; une réelle insulte à son expertise.
Malgré toutes les perches tendues par l’animateur Philippe Cantin à cet hérétique journaliste sportif dans le but « qu’il se rétracte ou corrige l’information, (…) Jeremy Filosa n’en démordait pas, même s’il a précisé ne pas adhérer aux théories du complot. »
Bien sûr, cette phrase est tacitement obligatoire dès qu’on émet une opinion qui remet en question l’ordre établi. Dans cette mécanique de pensée, la commission Charbonneau, le scandale du Watergate ou la Church Committee ne sont que des contes fictifs aux fabulations tirées par les cheveux qui prennent racine dans un monde imaginaire à des années-lumière de la réalité, puisque nous le savons tous : JAMAIS LES GOUVERNEMENTS NE COMPLOTENT. Retenez-le.
Ce que Dumas nous apprend par la suite, grâce à ses sources fiables qui s’ouvrent à lui comme un livre ouvert, c’est que l’animateur sportif en disgrâce ne réintégrera pas son poste dans la populaire émission du retour Le Québec maintenant, « même après avoir terminé sa formation en déontologie », lui dit-on. « Cet incident a fâché plusieurs membres de l’équipe et miné davantage la crédibilité des médias traditionnels, dont la cote de popularité est déjà assez basse, merci. »
C’est tout à fait phénoménal de constater l’inaptitude déconcertante des médias moribonds à identifier la nature même du cancer qui les mène à leur tombe. C’est justement cette incapacité à la diversité d’opinions, à la curiosité, à la stimulation intellectuelle qui lasse le public. Alors j’espère que de renvoyer cet homme qui a osé penser hors de la boîte se traduira dans des cotes d’écoute encore plus désastreuses. Peut-être finiront-ils par comprendre que la pensée unique est une insulte à l’intelligence des québécois, qui en ont assez de se faire prendre pour des cons.

Mais quelle triste histoire ! Et La réalité dans notre société depuis 4 ans.
Merci Elo. Toujours