Ce mardi 22 octobre, l’ancien PDG de la marque de prêt-à-porter bourgeoise américaine Abercrombie & Fitch Mike Jeffries, ainsi que son partenaire Matthew Smith ont été arrêtés pour trafic sexuel. Le couple, supporté par un homme de main, aurait mené un cercle de prostitution internationale, en promettant aux jeunes «recrues» des avancées dans leur carrière de mannequinat en échange d’acte sexuel, généralement commis sous l’emprise de la drogue. Ceux qui refusaient étaient menacés de voir leurs rêves partir en fumée.
Rien de nouveau sous le soleil. Dites-moi, êtes-vous surpris?
Cette histoire fait écho à celle du rappeur Sean Diddy Combs qui bat son plein cette année, comptant maintenant plus de 120 plaintes pour entre autres trafic sexuel, et qui continue de les cumuler. On reconnaît les mêmes patterns que dans l’affaire Jeffries, soit promesses d’opportunités de carrière sous les feux des projecteurs, drogues, puis actes sexuels forcés, prostitution, violence…
On pense aussi à la sordide affaire de Jeffrey Epstein qui est un copié-collé de ces plus récents scandales de milliardaires aux vies sexuelles dépravées et insatiables.
Il faut connecter les pointes d’icebergs qui dépassent de plus en plus. Le trafic sexuel est monnaie courante dans les hautes sphères de la société. C’est parce que, pour se faire un chemin au soleil dans la jungle compétitive et sans pitié du succès financier, il faut généralement avoir un problème d’égo démesuré. Ce qui amène à un autre thème récurrent dans toutes ces histoires de trafic sexuel chez les riches et (souvent) célèbres, et c’est celui de la domination. Ce besoin de l’élite d’avoir le pouvoir absolu sur les autres, à cause de leur syndrome de dieu. Pouvoir économique, pouvoir social, pouvoir sexuel…
Étrangement, tous ces dossiers de trafic sexuel semblent connectés. Par exemple, Jeffrey Epstein s’est dit très proche de Les Wexner, admettant que personne ne le connaissait mieux que lui. Cet homme serait d’ailleurs derrière la mystérieuse fortune de Epstein. Pour vous situer, Wexner est le milliardaire ayant fondé le groupe LBrands qui détient Victoria’s Secret et Bath and Body Works. Éclaboussé au passage par un témoignage d’une plaignante dans l’affaire Epstein, allégeant avoir été forcée à avoir des relations sexuelles avec le milliardaire (qui a vendu pour une bouchée de pain le château urbain de Manhattan à son protégé, dans lequel celui-ci s’adonnait à ses activités illicites), il s’est tiré du pétrin sans égratignures.
C’est ce même magnat de la mode qui est derrière la carrière chez Abercrombie & Fitch de Jeffries (à ne pas confondre avec Jeffrey…!), l’ayant promu PDG en 1992. Il a maintenu ce poste jusqu’à 2014. C’est pendant son règne que la compagnie a connu son plus grand essor. Avec le recul, il est évident que quelque chose clochait dans la gestion de l’entreprise et de l’image de la marque. Les mannequins engagés pour les campagnes publicitaires étaient presqu’exclusivement toujours blancs, les jeunes hommes généralement nus et très peu vêtus, musclés, séduisants, les femmes minces aux allures juvéniles. Même dans la boutique les employés devaient être beaux. Vous vous souvenez assurément d’un quelconque voyage aux États-Unis où vous êtes passés devant une boutique. C’est soit votre odorat qui en a été le plus marqué (le parfum Fierce était aspergé plusieurs fois par heures sur les vêtements, rendant l’expérience de magasinage un peu nauséeuse) ou vos yeux, alors que des jeunes hommes étaient flanqués dans l’entrée, torse nu, contractant leurs abdos bien découpés.
Le chef d’entreprise a dit dans une entrevue tristement célèbre en 2006 que leurs vêtements étaient destinés aux personnes de belle apparence. C’est pourquoi il n’y avait pas de tailles plus grandes que «Large». Il se disait exclusif, tout le contraire de la compagnie maintenant très inclusive qui embrasse l’idéologie woke pour se refaire un nom!
En repensant au rôle d’Abercrombie & Fitch dans ma jeunesse, je suis un peu nostalgique. C’était l’époque où être blanche n’était pas considéré comme un crime contre toutes les autres races. D’ailleurs, ça me rappelle cette anecdote, où j’étais en voyage à Los Angeles pour développer mes contacts avec la méga-agence ROAR et d’autres producteurs américains (quand je cultivais mon rêve d’être une chanteuse). Je faisais du lèche-vitrine et me suis aventurée dans un A&F. J’ai senti après quelques instants que j’étais suivie par un des employés. Il s’est approché de moi et m’a offert un emploi sur-le-champ. «Vous correspondez en tout point à l’image de notre marque et on serait heureux de vous compter dans notre équipe.» Je lui avais répondu être flattée mais que Montréal-LA, ça faisait un peu loin pour venir au travail.
À la lueur de tout ce que je sais sur la marque à présent, je suis très heureuse de ne jamais avoir travaillé pour eux. Je devrai maintenant faire un ménage en profondeur de mon garde-robe.
… Restez à l’affut, ma capsule sur ce sujet très chargé s’en vient bientôt!
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