Réflexions d’une mère à la mer

par | 10 Juil 2024 | Publications, Société | 0 commentaires

Ça fait des années qu’on le dit : il y a quelque chose qui cloche avec le Québec. Le dôme. Mais c’est difficile de mettre le doigt sur le bobo, on peut spéculer mais on saisit difficilement l’ampleur du problème.
 
Pour la première fois en 4 ans, j’ai fait un voyage avec ma famille, hors du pays. Pas bien loin : aux États-Unis. Un pays qui boite aussi, qui a ses défauts, ses défis. Mais j’ai été choquée sur bien des égards en comparant nos voisins du sud avec notre chez-nous.
 
Premièrement, ce qui m’a le plus percutée, c’est leur sens de la famille. Je ne calcule plus le nombre de fois qu’on m’a dit que mes enfants étaient beaux, qu’on les a salués, qu’on leur a souri ou tout simplement interagi avec eux. Il y a quelque chose d’accablant dans le fait que ceci m’ait étonnée parce que c’est à ce point rarissime au Québec. La vérité, c’est que chez-nous, les enfants sont depuis longtemps décriés comme une nuisance. Ils troublent la paix. Ils énervent et agacent. D’ailleurs, fonder une famille n’est plus quelque chose de valorisé.
(Extrait d’un article de La Presse : À Les Cèdres, ceux qui veulent jouer dans la rue doivent remplir un formulaire, faire signer 66 % des résidants de leur rue (ou portion de rue), présenter leur demande au directeur des loisirs qui l’analysera et la transmettra au conseil municipal pour qu’il se prononce. )
 
Par exemple, lorsque j’étais à Los Angeles pour filmer mes entrevues avec Oliver Stone, enceinte de 7 mois, je me faisais interpeler à distance par des gens qui me criaient : Congratulations! Les américains se réjouissaient de la venue de mon bébé à naître. Jamais sur 2 grossesses j’ai été félicitée par des étrangers au Québec. J’ai d’ailleurs tenté l’exercice la semaine dernière en voyant un couple faire leurs emplettes chez Jean Coutu. J’ai souri à la femme enceinte et je les ai félicités. Elle m’a regardée avec un léger dédain, m’a dit un merci agacé et a continué de parler avec son conjoint comme si personne ne venait de mettre un peu d’étincelles de joie dans sa journée.
 
C’est entre autres ça qui me dérange de plus en plus du Québec.
 
C’était pas ça le Québec avant.
 
Et j’aimerais vraiment comprendre comment on a pu en arriver là. Ça ne me semble pas seulement le fruit du hasard mais quelque chose de construit, un phénomène social qui se met en place depuis des années et qui n’a pas été contré lorsqu’il y avait encore lieu de le faire. Peut-être parce que la droite conservatrice est toujours dépeinte comme la méchante et que pour l’instant, il semble que les valeurs familiales lui soient exclusivement associées…
 
Un autre constat qui m’a atterrée aux États-Unis, c’est que les jeunes qui travaillent dans le public sont dégourdis. Ici, je le dis depuis longtemps, on dirait qu’ils sont lobotomisés. Je ne comprends pas ce qui s’est passé avec les nouvelles générations mais quand je fais une blague à une jeune serveuse ou que je donne du change à un caissier pour qu’il me remette un montant en argent rond, je vois la vacuité dans leur regard. Ils sont figés et ne savent plus quoi faire.
 
Que s’est-il passé? J’ai travaillé plus de 20 ans dans le public, j’ai toujours trouvé que les québécois avaient le sens de l’autodérision, de l’humour et c’est ce que j’adorais de ma culture. Mais ça semble totalement évaporé, un peu comme les capacités d’écrire ou de parler son français, sans que personne ne s’en épouvante outre mesure.
 
Au Sud, que ce soit l’emballeur à l’épicerie qui m’a soumise à un sondage ludique pour deviner son âge (15 ans!) et qui m’a raconté sa vie par la suite, ou la jeune serveuse qui a apporté un gâteau de fête à ma fille et s’est assurée que nous étions confortables avec les enfants tout au long de notre expérience au restaurant, j’ai été sidérée de recontacter avec ce type de service où les gens font la conversation, sont allumés et à l’affût. Ça aussi, c’est rendu quelque chose de rarissime au Québec.
 
Les Américains ont plusieurs raisons d’être amochés comme peuple présentement, mais ils ont plusieurs choses fondamentales en commun que nous n’avons pas : la fierté d’être qui ils sont, le mot liberté non seulement tatoué sur le cœur mais implanté dans leur ADN. (Jamais, au grand jamais ils auraient ridiculisé ce mot en le débaptisant libârté.) Le sens de la famille et la valeur de veiller sur les autres (neighborhood watch) ce qui amène un sens de la communauté et une courtoisie qui semblent éteintes ici…
 
Je ne veux pas faire du «Québec Bashing». Je voulais tout simplement partager mes réflexions avec vous parce que je suis inquiète, et déçue. Le Québec que nous sommes devenus n’est pas à notre image. Les québécois ont toujours été sociables, joviaux, enjoués, rebelles… On ne devrait pas accepter cette pâle version de nous-mêmes. Il n’appartient qu’à nous de changer cette tendance.
 
Pour ma part, je vais continuer de féliciter les femmes enceintes, de tenir la porte aux parents avec une poussette et de faire des coucous aux enfants. Je vous invite à faire de même!

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Salut, c'est Élo!

Artiste et productrice active depuis plus de 20 ans dans le show-business, j'ai créé en 2020 ma chaîne "Élo veut Savoir", où je traite de sujets tabous avec une approche journalistique rigoureuse.

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